Né à Paris, il est reçu à l’École normale supérieure et fait des études de droit. Entré au Conseil d’État en qualité d’auditeur (1895), il publie des travaux de critique littéraire et dramatique (Nouvelles Conversations de Goethe avec Eckermann, 1901), un ouvrage intitulé Du mariage (1907) et collabore à diverses revues, dont la Revue blanche.
2 | Leader de la SFIO |
Marqué par l’affaire Dreyfus, qui détermine son entrée en politique, il s’inscrit au parti socialiste en 1899 et est avec Jean Jaurès l’un des fondateurs du journal l’Humanité. Après le ralliement de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) à l’Union sacrée, il est chef de cabinet du ministre socialiste des Travaux publics, Marcel Sembat, de 1914 à 1916. Député de la Seine de 1919 à 1928 et de Narbonne de 1929 à 1940, il participe au congrès de Tours (décembre 1920) et choisit de rester membre de la SFIO contre la majorité communiste. Partisan d’un socialisme réformiste et humaniste, Blum, sans rien renier de l’analyse marxiste, fonde davantage d’espoir sur une transformation progressive de la société que sur la rupture révolutionnaire.
3 | Dirigeant du Front populaire |
Dans les années trente, marquées par la montée en puissance des régimes autoritaires et des discours nationalistes, il s’engage résolument dans une stratégie d’alliance avec les communistes et les radicaux, qui aboutit à la constitution d’un gouvernement dit de Front populaire (1936). Président du Conseil (4 juin 1936-21 juin 1937), Blum entreprend un vaste mouvement de réformes politiques et sociales : les accords Matignon sont signés le 7 juin 1936, la semaine de travail est réduite à quarante heures, les premiers congés payés institués (douze jours ouvrables par an), des augmentations de salaires de 7 à 15 p. 100 accordées et les conventions collectives encouragées. À ces réformes sociales s’ajoutent des réformes économiques et financières : la Banque de France n’est pas nationalisée (son capital restant détenu par ses anciens actionnaires) mais son Conseil général est réformé pour donner à l’État une possibilité de contrôle plus importante ; certaines usines fabriquant du matériel de guerre sont nationalisées ; une politique de soutien aux agriculteurs est mise en place et le franc est dévalué. Le gouvernement se heurte toutefois à une série de difficultés économiques, politiques et extérieures. Les mesures économiques et financières se révèlent en effet insuffisantes pour remédier à la crise que traverse alors la France ; et le 13 février 1937, Blum doit annoncer une « pause sociale ». L’opposition de droite est virulente et se déchaîne contre la personne même de Blum, sur fond d’antisémitisme. Sur le front diplomatique enfin, la France adopte vis-à-vis de la guerre d’Espagne une politique de non-intervention qui persuade l’Allemagne nazie de la faiblesse française. Au milieu de l’année 1937, la droite, majoritaire au Sénat, refuse d’accorder au gouvernement les pleins pouvoirs afin de faire face à la crise financière ; Blum est contraint de démissionner en juin 1937.
Lorsque le gouvernement traverse une nouvelle crise en mars 1938, Blum est néanmoins rappelé et préside un second gouvernement qui dure seulement un mois (13 mars-8 avril 1938). Dans le courant de la même année, ses partisans au sein de la SFIO prennent leurs distances avec le gouvernement de Front populaire d’Édouard Daladier sur la question des accords de Munich signés en septembre avec l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne.
Après la capitulation de la France devant l’Allemagne en 1940, Blum est arrêté par le gouvernement de Vichy. Il est traduit devant la cour de justice de Riom, au début de 1942, avec d’autres responsables de la IIIe République pour avoir causé la défaite militaire de la France, mais les auditions sont la cause d’un tel embarras pour le gouvernement de Vichy que le procès tourne court. Blum est interné puis déporté en Allemagne. Il est libéré par les troupes alliées en mai 1945 et, de retour en France, retrouve la direction de la SFIO. Son autorité politique et morale lui vaut d’être désigné pour négocier la dette de guerre française vis-à-vis des États-Unis. Il est ainsi, avec Jean Monnet, l’artisan des accords Blum-Byrnes, du nom du secrétaire d’État américain, qui annulent les dettes de guerre de la France et prévoient le versement de prêts sans intérêt. Il dirige un dernier gouvernement provisoire de décembre 1946 à janvier 1947 à qui échoit la charge d’achever la mise en place des institutions de la IVe République naissante. La maladie le tiendra ensuite à l’écart du pouvoir jusqu’à sa mort.